Rebecca Rogers, Françoise Thébaud, La fabrique des filles. L'éducation des filles de Jules ferry à la pilule, 2010 (fiche de synthèse)

24/10/2017

Un ouvrage qui présente la construction des conditions féminines au XIXe et au XXe siècle. Cet ouvrage est enrichie par des documents divers, variés et nombreux sur le sujet : une ressource très utile pour se détacher des études de documents tirés des manuels scolaires.

Le sommaire de l'ouvrage se décline en trois temps :

1. 1870-1914 : la République et ses filles

2. 1914-1945 : d'une guerre à l'autre

3. 1945-1975 : les chemins de l'émancipation


1870 - 1914 : la République et ses filles

En 1870, Jules Ferry affirme sa conviction dans l'égalité d'éducation pour les garçons et pour les filles. Cette ambition est ancienne et partagée par les catholiques et leurs adversaires. Il s'agit du souci de consolider la famille et la place des femmes en son sein. Ainsi pour la IIIe République, les jeunes filles apprennent que leur place est au foyer, comme fée du logis, mère éducatrice et épouse avisée.

Cependant, les temps changent bien que les représentations et les discours évoluent peu. Dans ces années d'avant-guerre, l'égalité d'éducation prônée par Jules Ferry offre surtout les représentations d'une société qui croit profondément que la femme joue un rôle important dans la société, si elle accepte d'agir au sein de la famille.

Parmi les sujets développés dans ce premier chapitre, les plus utiles pour le thème sur les "Conditions féminines dans une société en mutation au XIXe siècle" (Thème 3, sous-thème 3) sont :

  • apprendre sa place : dans une société catholique, dont la famille constitue le socle, les femmes sont encensées tout au long du siècle, comme mères et épouses. Une telle insistance traduit des failles : l'existence de mauvaises mères, de piètres ménagères et d'épouses volages. Deux modèles sont véhiculées celui de la mère aimante et de la femme bien occupée.
  • la fée du logis : apprendre sa place de la ménagère, dans la cuisine, en faisant les courses, en s'occupant d'autrui, y compris des animaux domestiques.
  • leçons féminines : les revues féminines, les ouvrages moraux et les leçons maternelles diffusent dans toutes les couches de la société un discours sur le comportement idéal féminin. Les milieux aisés apprécient beaucoup ces lectures. La jeune fille idéale doit avoir des lecture pieuses, occuper utilement son temps par al couture et savoir agréablement se détendre dans le cadre familial : piano ou chevalet.
  • des écoles de filles de plus en plus nombreuses : la vaste majorité des filles fréquentent des écoles primaires et ne poursuivent pas leurs études au-delà de douze ans. L'opposition à la mixité des sexes explique l'ouverture d'écoles de filles, alors que le programme des études est le même pour les garçons et les filles. L'objectif est de réussir au certificat d'étude primaire.
  • figures d'enseignantes : l'enseignement est l'une des rares carrières ouvertes aux femmes instruites. Cependant, elles sont le plus souvent célibataires ou veuves. Elles sont donc en décalage avec le modèle de la mère ou de l'épouse.
  • des fillettes au travail : la scolarité obligatoire jusqu'à treize ans et l'interdiction du travail des enfants de moins de douze ans sont loin d'être respectées dans les milieux populaires : charges domestiques, mise au travail sur des métiers de lin ou machines à coudre.
  • féminisme et éducation : le mouvement féministe place l'instruction des filles en haut de ses priorités, s'alliant avec les républicains anticléricaux qui cherchent à chasser les bonnes sœurs des écoles de filles. Madeleine Pelletier (1874-1939) cherche à combattre les traditions et pratiques qui maintiennent les femmes dans un état d'infériorité. C'est pourquoi elle s'attaque à l'éducation familiale. Elle encourage les travaux ménagers pour les filles et les garçons. Ses revendications sont toutefois exceptionnelles.
  • Belle Epoque ou peur des femmes savantes? Certaines femmes osent plus, se lancent dans les études universitaires et mènent des carrières professionnelles dans le droit, la médecine ou le journalisme (cf. La Rebelle de Marcelle Tinayre). Cependant cette petite minorité dérange.  La plupart des représentations sont antiféministes. Elles critiquent la vie de l'esprit et le délaissement de la maternité (cf. Ses Cervelines ou Princesses de sciences de Colette Yver).


1914 - 1945 : d'une guerre à l'autre

Les jeunes gens et les jeunes filles ont grandi sans autorité paternelle et découvert de nouvelles opportunités. Des écoles de commerce et d'ingénieurs se sont ouvertes aux filles ou pour les filles. Alors que d'autres s'engagent comme infirmières ou suivent la nouvelle formation de surintendantes d'usine.

Le régime de Vichy (1940-1944), conservateur, appelle à retrouver la "vraie nature" des femmes et infléchit fortement les contenus éducatifs dans un sens anti-égalitaire.